Malgré certaines critiques à l'égard de notre projet, nous pensons toujours extrêmement pertinent de croiser une analyse effectuée sur une période d'une quinzaine d'années (1999/2016) avec une analyse complémentaire menée sur une période plus longue (1952/2016). Pour expliciter notre position, il nous apparaît approprié de citer Armand Mattelart lorsque celui-ci écrit que « [l'oubli] de l'histoire est un fait récurrent de la construction des savoirs des sciences de l'information et de la communication (SIC) » et qu'en fait « cette carence s'est avérée une donnée de base » (Mattelart, 2014 : 13). Celle-ci s'est même retrouvée renforcée par l'idéologie contemporaine de la communication et du projet amnésique de globalisation, lesquels valorisent la nouveauté, l'innovation et l'éphémère et, par là, entendent « couper les phénomènes et processus sociaux de leur histoire pour ainsi les rendre naturels, c'est-à-dire dans l'ordre des choses » ainsi qu'il nous le rappelle si justement (1994 : 7). Or, nous nous sommes justement fixés pour objectifs d'analyser les places et rôles que les nouveaux services d'intermédiation prennent dans la restructuration du secteur de l'audiovisuel au Canada et au Québec en situant ceux-ci au-delà de la période historique actuelle, afin de comprendre dans quelle mesure les transformations en cours constituent des enjeux déjà identifiés et avec lesquels les acteurs du secteur de l'audiovisuel ont dû composer à d'autres moments de leur histoire depuis les années 1950 ou correspondent plutôt à de nouveaux défis auxquels ces acteurs sont aujourd'hui confrontés et qui demandent à être étudiés de plus près.

Par ailleurs, et ceci est évidemment lié, nous avons tenté d'expliciter notre ancrage épistémo/méthodologique non seulement au niveau macro, mais également méso (Marchesnay et Morvan, 1999). La perspective « méso » est en effet indispensable pour appréhender les mouvements de transformation à l'oeuvre et analyser subséquemment comment les acteurs concernés (acteurs industriels, professionnels, institutionnels) sont affectés et réagissent envers ces dernières. Il n'en reste pas moins que nous n'avons guère été aidés car si notre évaluateur n° 3 nous a justement suggéré de travailler à cette échelle, il s'est bien gardé de préciser clairement ce qu'il entendait par celui-ci, alors que parler de niveau « méso » présente toujours une certaine ambiguïté entre les échelles macro et micro.

Enfin, nous avons cherché à préciser le plus possible la partie méthodologie en mentionnant à la fois les différentes dimensions de l'analyse et les éléments des corpus d'où nous pourrons justement extraire les données susceptibles de contribuer à l'analyse. Nous avons tenté d'être le plus précis possible sachant que l'évaluation des demandes de subvention s'effectue le plus souvent sur les critères d'ordre méthodologique. Finalement, cette partie correspond environ à la moitié du contenu des six pages.

Chercheur principal

Éric George (UQAM)

Co-chercheur

Michel Sénécal et Anouk Bélanger (UQAM)

Organisme subventionnaire

CRSH (Conseil de recherches en sciences humaines du Canada)

Programme

Subvention Savoir

Secteur de recherche

Communications et culture à l'ère du numérique

Années

2016 - 2021

Montant accordé

117 260,00 $