En dépit d'importants enjeux de santé publique, d'environnement et de société, les pesticides, à l'origine de 200,000 décès annuels par intoxication aigüe, en plus de contribuer à l'épidémie de maladies chroniques (cancers, atteintes aux systèmes neurologique et reproducteur), grevant les systèmes de soins, connaissent depuis 20 ans une très forte hausse. Ainsi, le Canada, 4ième du peloton de tête des plus grands utilisateurs de pesticides au monde, a vu ses ventes augmenter de 172% entre 1990 et 2008, pour atteindre en 2014, 6866 pesticides homologués et des ventes de 101 millions (kg i.a). Parmi ces milliers de pesticides figurent des formulations, qui, toxiques pour la santé et l'environnement, sont très largement disséminées, notamment l'atrazine, les néonicotinoïdes, le chlorpyrifos et les herbicides à base de glyphosate (HBG) dont le plus connu est le Roundup de Monsanto. Avec des épandages multipliés par 260 fois dans le monde, depuis 1974, passant de 3200 tonnes par an (T/an) à 825 000 T/an en 2014, les HBG, de loin les pesticides les plus vendus sur la planète, constituent 56% de tous les pesticides agricoles au Canada et 44% des ventes de pesticides en 2015 au Québec. Ces HBG, dont les hausses découlent pour plus de moitié des cultures génétiquement modifiées, largement conçues pour les absorber sans en mourir, sont désormais répandus, presqu’en continue, dans la majorité des cultures et à toutes les étapes de production, d'où une contamination accrue des sols et de l’air, des cours d’eau et des aliments, principales sources d’exposition humaine à ces herbicides. Alors que le glyphosate, principe dit actif des herbicides à base de glyphosate (HBG) a été classé « cancérogène probable », par le CIRC de l'OMS et qu’aux États-Unis, 3500 victimes d’un lymphome non-hodgkinien attribué à ce désherbant ont intenté de poursuites contre Monsanto, l’ampleur des conflits d’intérêts, tromperies, camouflages, fraudes scientifiques, pour dissimuler les risques inhérents à ce produit, et révélées par les Monsanto Papers, est au coeur de vifs débats au Parlement Européen et témoigne de l’échec de l’actuel modèle d’expertise où même des agences réglementaires ont admis avoir plagié des documents des entreprises. Dans ce contexte, l’ampleur des enjeux économiques, la crise de crédibilité des institutions et les impacts sanitaires et environnementaux des pesticides, invitent à un réexamen en profondeur des cadres d’évaluation scientifique et de production agroalimentaire. Cette programmation de recherche, basée sur les travaux amorcés par le CREPPA, se veut un levier de développement pour des projets de recherche interdisciplinaires novateurs, de consolidation et d’enrichissement de nos réseaux de réflexion, d’analyse et d’intervention au Québec, au Canada et en France, sur les pesticides ayant des effets de perturbations endocriniennes (PE). Compte tenu des débats en cours sur les politiques alimentaires au Canada et au Québec et sur la Stratégie québécoise sur les pesticides, la programmation de recherche arrive à un moment particulièrement stratégique afin de documenter, d’exposer et d’intervenir sur ces questions décisives pour éclairer le débat et la décision publique et aider à réduire les atteintes à la santé et à l’environnement.

Chercheur principal

Louise Vandelac (UQAM)

Co-chercheurs

Lise Parent; Éric Duchemin (UQAM); Claude Émond (Université de Montréal); Sylvie Gravel (UQAM); Éric Lucas (UQAM); Patricia Monnier (McGill) et Éric Pineault (UQAM)

Organisme subventionnaire

FRQSC (Fonds de Recherche du Québec - Société et culture)

Programme

Soutien aux équipes de recherche

Secteur de recherche

Santé et sécurité au travail

Années

2018 - 2020

Montant accordé

85 820,00 $